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Corps
un inaccomplissable reste de caresses
— sur tes mains
apaisé
noyé
...
mon visage
desserti
d’ivresse
si je tremble
* * *
la main
un éclat de verre
le visage
une pierre
la voix
une faill-ite
sous le biseau assassin du silence
l’interligne révulsé d’un vide
* * *
toi nue ou non ne sais plus
les orteils
l’un après l’autre
les pieds
l’un après l’autre
chacun désiré tant
tant tout entier dans la gorge
— et de ne savoir que dire
suffoquer
* * *
dès midi baignée
te lave et branle
et même membre après membre
* * *
la chair
un mur
le mur
un verbe
le verbe
une brèche
une voix claquemurée
si la pierre désœuvrée
* * *
lécher tes yeux
y baver
mais où sont alors les paupières
et les miennes
quand les miens
derrière au guet
épient le plus petit glissement de tes mains qui
caressant mon visage
peuvent le desquamer à tout instant
éjaculer
et rien
qu’un suaire marmoréen sur ta hanche ou ton sein
— après
* * *
distordu
le corps
la nuit
distraite
...
dans ma tête
le repli d’une luciole
***
un point
une ligne
mot à mot
faire chair
où tisser sa demeure
* * *
du bout des doigts
faillir
sans nulle part où tomber
Julien Bosc
in Portait de l’éditeur en montreur d’ours, Patrice Thierry
Les Amis de L’Éther Vague, 1999.
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