• Dans la détonation des météores

    André Bernold

    Après avoir balbutié et glapi et tremblé 
    et givré et claqué et paniqué toute la nuit 
    dans la détonation des météores.

    Joëlle de La Casinière, Absolument nécessaire,
    Ed. de Minuit, 1973.

     

    Éclaircissements

     

    Au début de ce « poème didactique » qui relate une séance chamanique en Chine, la scène se compose comme suit : Huang Jizhong, enfant, est le témoin. Sa tante, endormie derrière un paravent, répond aux questions d'une chamane. Il y a là la mère de Jizhong, et des villageois. Le but de la séance est d'évoquer le père de Jizhong, mort récemment.

    On assiste aux tâtonnements de la médium, guidée (suggestionnée) par la chamane. Toute la première partie reprend le récit authentique. La patiente distingue peu à peu un chemin dans le brouillard, puis un fleuve, puis une barque sur le fleuve, puis, depuis la barque où elle est montée, une foule. Elle y cherche son frère, longtemps sans le trouver - sur l'autre rive. On reconnaît, au cœur de la Chine paysanne des années 30, tous les éléments d'une antique, d'une universelle descente aux enfers.

    Soudain, une apparition, debout, immobile sur le fleuve, qui continue de couler (on pense à certaines descriptions de Carlos Castaneda). Cette apparition n'est pas celle du père, mais d'un « informateur » qui dit ne pas savoir où se trouve ce dernier, tout en annonçant sa venue. La vision de sa tante n'a pas été communiquée au témoin, alors âgé de sept ou huit ans, qui comprend cependant qu'un dialogue s'établit entre elle et le fantôme qu'elle perçoit. Il semble qu'il parle et que les gémissements et les paroles incohérentes de la femme endormie répercutent ce discours, qui est ici imaginé au quatrième degré et placé entre guillemets. La méthode de composition est, en quelque sorte, l'absorption, par l'imagination, de matériaux épars.

    Ces matériaux n'ont rien de chinois. Au contraire, ils convoquent dans ce délire toute l'Asie centrale : le mot cendres exprimé en quatre dialectes mongols éteints ; une tablette rédigée en karosthi, idiome indo-européen du bassin du Tarim, dont le contenu reste énigmatique même pour les spécialistes (rarissimes, il faut bien l'avouer) ; un beau verset manichéen retrouvé dans le désert, dans sa version bilingue, vieux-turc et sanscrit ; l'allusion à de rudes jeux millénaires, et toujours inexpliqués, des enfants du Taklamakan; un vers de l’histoire secrète des Mongols et l'attestation, dans un fragment de chronique tibétaine, du peuple inidentifié des Hazas ; le souvenir fugace de grands dignitaires nestoriens et des mots ambigus syriaques - bref l'incommensurable immensité de la Haute Asie engloutissant jusqu'au gigantesque monde chinois : c'est ça, la foule des morts où il est impossible de retrouver le père.

    Le morceau finit par une description de la belle médium, où c'est encore la tonalité de l'Ouest barbare, Xinjiang et Tibet, qui l'emporte.

    Un mot encore pour l'ami par excellence qui fournit l'occasion de cet exercice. Son extrême distinction n'a d'égale que sa bienveillance. L’expérience concentrationnaire (vingt ans de « Goulag chinois »), sa vie brisée, volée, n'ont laissé en lui ni amertume ni haine. C'est sa plus grande victoire - plus grande que celle d'avoir, comme Artaud, survécu à la famine.

    Il est l'intellectuel à l'état pur, et persécuté comme tel (officiellement, pourrait-on dire), qui a montré par l'exemple, et dans son propre corps, la puissance et la force d'une culture trois fois millénaire. Il n'a pas été brisé. Il est resté beau, affable, certes très circonspect, excellent cuisinier, ami des animaux, fier et hospitalier, pauvre et magnanime… L’humour plus fort que la torture… quoi de plus rare ?

    Bien qu'il ait donné il y a peu, au public de langue anglaise, la meilleure traduction savante des Entretiens de Confucius (1), il est foncièrement le sage taoïste arrivé intact jusqu'à nous. Le jour où, à ma demande, il me raconta (pour la deuxième fois en dix ans) le détail de l'histoire chamanique, si loin, d'ailleurs, de ses goûts et de ses préoccupations, je ne pensais plus le revoir. Il retournait en Asie. C'était la veille de son départ, à Cambridge (Massachusetts). Nous sommes restés ensemble toute la journée, assis parmi les étudiants et quelques clochards, dans une cafétéria minable, juste en face de la cour d'honneur de l'Université Harvard. Le vieux monde était là, en lui (survivant mince et souriant, sans un seul cheveu blanc), le plus vieux monde, immatériel et peut-être immortel.

     

    DANS LA DÉTONATION DES MÉTÉORES

     

    À mon ami Huang Jizhong ou Chichung,
    dit C. C., village de Guanlong, district de Ji’an,
    province du Jangxi, professeur à l'Université
    de Pékin, qui survécut à vingt ans de déportation
    politique (1958-1978) par la récitation mentale
    des grands classiques de la poésie
    chinoise.

     

    De vieilles gens vêtues de poussière,
    Devant des bols, bols de riz, de thé,
    De bière, de vin de riz,
    Contemplent les terrasses en étages, si belles
    En Chine ; des écailles sur la terre,
    Apportées par le vent, le lœss ;
    Fumant en silence, ce qui est en tous cas
    L’attitude la meilleure.
    Je suis le compagnon d'un paysan très vieux.
    Ses poignets sont des lattes, ont du jeu
    Et grincent.
    De son visage, ne se voit que la mandibule,
    Le reste est bouffé par l'obscurité.

    Elle arriva au crépuscule. Bien sûr.
    On l'a vue monter vers soi
    Par les lacis et les paliers piqués,
    Visible, et pourtant improbable,
    Avec la hâte paradoxale de ceux
    Qui savent qu'on les attend
    Aveuglément.
    Elle disparut derrière les tamaris,
    Avant de venir opérer ici.
    Elle est là, pliée dans son manteau.
    Et je voyais une tête de cuir
    Sans yeux, d'un phoque asphyxié.
    Je pensai : c'est un tas de chiffons,
    Avec des rats dedans.
    BIEN QUE TOUS VEUILLENT SURVIVRE,
    NE RESTERONT ENFIN QUE DES TAS DE CHIFFONS
    AVEC DES RATS DEDANS.

    Alors commence la séance chamanique
    De l'évocation de mon père qui est mort.
    Le médium, c'est ma sœur, et la chamane,
    Le Phoque.
    Ma sœur est endormie derrière un paravent,
    Endormie comment ?
    Le vieux vient d'entrer.
    Je sens l'appel d'air.
    Nul n'est là sans avoir franchi
    Mille morts.
    Je sens l'appel d'air. La cheminée tire.
    La face de la sorcière se ride comme un soufflet,
    On voit ses dents, aussi absurdes
    Que des cachets de cire
    Sur du linge souillé.
    Sa voix herbeuse :

    – Est-ce que tu vois ton chemin ?
    – Non, pas très bien. Il fait sombre.

    Ma sœur a répondu d'une voix normale,
    La voix qui descend à la cave.

    – Mais que vois-tu ?
    – Je vois des masses, des masses...

    (Moi, je pense :
    L’orientation des algues bleues
    Dans le crépuscule azotique ;
    Du fatal oxygène l'émanation intense ;
    Les vecteurs du respir que décoche un nomade
    Soleil, vagabondant sur des pôles basculés ;
    Les masses de la vie ; depuis, convolutoires ;
    Cristaux apériodiques au cosmique déversoir; ouais)

    De son manteau, la chamane tire
    Un morceau de papier grenu, épais, chinois.
    Elle écrit ce mot: lumière,
    Et le brûle aussitôt.
    Alors la dormeuse dit : il fait plus clair,
    Oui, plus clair maintenant.

    – Vois-tu donc le chemin, la voie ? – Un peu...
    – Eh bien, avance ! Mais qu'attends-tu, avance !
    Qu'est-ce que tu vois ?

    Tardive est la réponse :

    – Je ne vois rien. Il y a de quoi crier !
    – Regarde mieux, derrière tes yeux, pas devant,
    Comme un volet qui bat, une vapeur
    Un peu plus grise, un peu moins blanche,
    Avec des taches, avec des grains.
    Là-bas, ne vois-tu pas le fleuve ?

    L’endormie voit le fleuve.
    C'est une ligne. Quoi sur la ligne ?
    Rien ? Second papier chinois, jaune, grenu.
    La sorcière y trace le mot barque,
    Et le brûle aussitôt. Et la barque appareille
    À la flamme houleuse. Je vois le visage de ma mère
    Un court instant, mais c'est assez,
    Un bref instant, de profil.

    – Vois-tu la barque ?
    – Elle n'est pas longue, elle n'avance pas
    De flanc. – Mais elle va te passer,
    Appelle le nautonier !

    On entend des maronnements,
    Marmonnement de poche et de cabas,
    Salive, soubresauts, os du bassin heurtant le sol,
    Tête furetant et fouissant les coussins :
    Énigme de la céphalisation et de la symétrie
    Bilatérale ! Puis de nouveau, la voix du Phoque,
    Blanche de lèpre, mais désintéressée :

    – Vois-tu ces gars là-bas, au loin ?

    Les mains de la dormeuse se lèvent comme des yeux,
    Cataleptiques miroirs paraboliques,
    Sur une foule, dit-elle, paysage
    Uniquement éclairé et sans ombres nulle part,
    Sur les ombres plus de lumière,
    Sur la lumière plus de néant.
    Visages de terre et corps de sacs,
    Socles en bouillie de sang.
    Le dialogue devient des plus confus :

    – Les gens... Ils passent.
    – Sors le grappin - Peux pas ! À cause du vent ! – Allez,
    Harponne-moi le gris, le gris poisson, là,
    Là, le manteau qui glisse à terre !
    Là, le manteau ! le bras ! la main ! la manche !
    – Ah ! il n'a pas de mains ! – Regarde !
    Elles sortent du fleuve, les manches !
    – L’eau coule trop vite…

    Le médium n'arrive plus à se fixer,
    Il survole un flux trop rapide.
    Il recule, perd du terrain, des plaintes
    S'échappent de sa bouche écumeuse et tremblante.
    Le Phoque tousse à rendre l'âme,
    Donne un ordre, je ne sais quel.
    Il faut qu'elle y arrive, ma sœur
    Au bord,
    Quelqu'un l'attend, quelqu'un s'efforce de penser.

    Le Phoque enfin se casse la gueule
    En travers de ma sœur, dans des quintes
    Déchirantes, horribles. Quelle confusion
    Elles essaient,
    Elles essaient de localiser,
    Elles deux, par terre, de localiser…
    Un masque sur l'eau, des remous dans le fleuve,
    Est-ce un rocher, un tronc que là-bas il charrie,
    Accroché, qui résiste ? Flottant, gris, immobile,
    Debout sur l'eau, très maigre, un vent inexistant
    Fait claquer ses haillons.
    Il est à sa hauteur, ses yeux sont diaphanes,
    Il y enfonce les doigts pour fermer les paupières
    Oui ne veulent pas, ne veulent pas se fermer.
    Oui donc vomit avec tant d'obséquiosité ?
    Vomissure rose, exquise, coquillage
    Ourlé dans les eaux vertes.
    Il faut descendre là-dedans.

    Debout face à face, sur l'eau verte et noire,
    La dormeuse et l'autre, l'apparition,
    Elles dérivent vers la gauche, immobiles,
    Comme l'ombre d'un mur sur le flot miroitant.
    Jamais, ni le rassemblement des choses dispersées,
    Ni la condensation des eaux, des souffles expirés,
    Ne s'opère sans le charme de l'écartèlement.
    Tous les vivants sont nébuleux, balbulleux,
    Retraits en un recoin d'eux-mêmes,
    Nuées sans soin, sans soi, sans eux.
    Chance ! s'ils y sont,
    Dans l'archipel errant de leur substance !
    Le masque de la voix fait paraître l'usure,
    Un torchis qui s'effrite, une claie ruinée :

    - Je ne sais pas où est ton frère,
    Pourquoy le romarin n'est pas une rose,
    Ou pourquoy l’œillet n'est pas un souci.
    ÜNESUN, PUNAKTA, PUNÜXTE, XUNZU, cendres
    Mongoles, GOLDI, OLTCHA, DAHUR,
    Regrets, cendre d'orfèvre…
    Majesté ! Lorsque ce sceau scellé vous parviendra,
    Le KULOLA du KALA PURNABALA,
    Qu’on nomme aussi KULBHU,
    Il faudra l'envoyer ici, par émissaire rapide !
    YE RTA TI GIM A LSA R,
    YER-TATIGIM ALSAR,
    Afin qu'il prenne le goût de la terre,
    PRTHIVI SAMADADATI, qu'il accepte,
    Qu'il accueille le goût de la terre…
    Majesté ! N'arrosez pas de cette boue épaisse
    Un homme qui marche dans le désert !
    Ne vous déguisez pas en nuit !
    Ne criez pas vers nous, ô boue, la boue, boue, boue,
    Ne nous attrapez pas par ces lacets
    Comme à Koutcha, à Karachahr,
    Lacets pleins de sanglants crochets…
    Je ne sais pas où est ton frère,
    Je ne sais pas où est ton père,
    Mais il arrive,
    Il arrive… Comme, après boire, l'espace,
    Quand ton corps te semblait immense…
    Écoute ! La musique des Huns !
    Il arrive ! Ordalie !
    Et l'indice est sur toi !
    Comme l'araignée qui meurt,
    Ramène tes pattes sous ton ventre
    AGÊRANTON STOMA KOSMOU,
    Bouche toujours fraîche de l'Univers,
    Bouche qui ne vieillit jamais...

    Bref, c'est le délire. – Tout
    Est en prison ! qu'elle hurle (le Phoque,
    Toujours). Des perles de sueur irisées
    Roulent sur ses joues creuses et grises
    Où, s'agglomérant par électrique adhérence,
    Elles lui font une barbe de cristal.
    Des glaçons tintent dans son goitre.

    – Je vois passer le pied divin, mais le pied seulement
    De la Carpocratienne Marcellina,
    Je vois passer le Prêtre-Jean,
    Et Jean Tâbgâs, et puis Jean d'Apamée,
    Et Jacques de Sarong, et Gilles,
    BAROQAN-TUR SHIQAQU TCHÏNO MÂTO BARABA,
    Comme le loup qui prend appui sur la tempête,
    Vous vous êtes épuisés…
    SMALFANA ! Feu et lumière, vent et ténèbres,
    Eaux mugissantes et rompues…
    HA-ZÀ HI PHA LOS BGYIS !
    Les Ha-zà se sont révoltés ! Hahaha !
    Voici Arslan Tounga, le lion qui écrit
    Hihihi ! Avec ses griffes, sur moi !
    NISHRIN, venez. Venez, mes aigles, venez, venez, fougères,
    Roses sauvages,
    Roses ! Fougères ! Pas chères !
    Pour vos aigles !

    Lentement, par le bas, s'échappe en rampant la dormeuse.
    En vain ses traits s'effacent du dedans
    Ce n'est pas encore la disparition,
    Ce n'est que la comparution ;
    Ce n'est pas encore l'atasâl, mais c'est déjà l'agôn,
    La bataille qui précède l'incarnation.
    Comme chez le phoque, mais cette fois-ci le vrai,
    L’animal zoologique Christophora cristata
    (Jésus, c'est son nom, je n'y peux rien !)
    Qui développe, au moment de l'accouplement,
    Une espèce de bonnet bien plus grand que sa tête,
    Sur le crâne de ma sœur
    S'épanouit le capuchon
    De l'épouvante.
    Pauvres épaules, dos pitoyables.
    L’immense sanglot bondit parmi nous.
    Et voici, nous ne pouvons rien. Et voilà,
    Ses yeux jaillissent, la chemise de son être se déchire,
    Mais nous n'y pouvons rien.
    Nous sommes rangés dans une autre boîte.
    Tout alentour, les couleurs existent encore un peu,
    Le vert inexorable et le rose éternel.

    Trop tard. Le blanc du linge devient noir.
    Formes immenses des petits intervalles, falaises.
    Il n'y a plus qu'un trait mince,
    Une fêlure, un cheveu hilare,
    Liseron blanc sur le drap noir.
    Mais quoi ? N'est-ce pas là ce que nous attendions ?
    Non, elle n'attendait rien du tout, la dormeuse,
    Assurément, tout s'est fait sans elle.
    Toujours quelqu'un est là sans qui tout se fait.
    Ce qui arrive arrive, et aussi ce qui n'arrive pas.

    Je pense à toi, Çouddhodana.
    Une femme jetée à terre
    A régressé à la position oculaire des poissons.
    La chamane est devenue très belle,
    Mais d'une beauté inutile et ancienne,
    Et deux fois consumée.
    Les efforts qu'il lui reste à faire excluent la moindre chance,
    Ils excèdent toute chance.
    Cependant, admirez sa vêture
    Les six parures d'ossements à son buste pur,
    Et son corps roux couvert de vautours apprivoisés.
    Et ma dormeuse aussi est très belle.
    Elle a, ce qui est rare ici,
    La bouche grande et dédaigneuse,
    Son nez est droit parmi les dieux
    Et souple chez les bêtes.
    Son dos est une splendeur, plus long,
    Plus incurvé qu'une spatule de cerisier sauvage.
    Ses longues jambes croisées sont d'un pays du Nord,
    Celui, peut-être, des Jouchen, ou de l'Ouest tokharien.
    L’attache des chevilles, les poignets, les mains à toutes guides,
    Tout décèle la finesse, la nervure, la pliure et le sable.
    Le buste, les hanches ont la perfection des résonateurs.
    Dans son visage à l'envers, la mandibule des yeux
    Garde une forme belle, et les sourcils, l'influx
    Des ailes de Garuda. Les cheveux noirs et deux flambeaux,
    Charlotte-Marguerite de Montmorency
    Sur un balcon, pour le roi seul, évanoui.
    Dieu sait ce qui viendra ensuite,
    Lorsqu'elle rouvrira ses yeux verts,
    De l'incendie ayant tout oublié.
    Dans la crue soudaine de ce corps
    Émerge un saule chevelu et sinistre,
    La tête en bas, mais les racines dénudées,
    Aussi grandes que des arbres vivants.
    Et ce limon est prêt pour les greffes
    Les plus monstrueuses.

    Tel est le corps d'une femme qui pleure,
    Afin que le nombre du chaos soit complet.

     

    Du New Hampshire,
    dans le glacial hiver 1996-1997

     

    Revue alsacienne de littérature n°64, 4e trimestre 1998.

     

    (1) The Analects of Confucius, A Literal Translation with an Introduction and Notes by

    Cbichung Huang, New York-Oxford, Oxford University Press, 1997 (ISBN 0 1951 1276 8).

     


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