• Jacques Reumeau, esquisse biographique

    Jacques Reumeau  par Estelle Soleillant

     

    1949 : naissance à Laval le 12 juillet.

    Enfance difficile. Pris en charge par “l’assistance publique” dès l’âge de 10 ans. Placé au foyer de rééducation “Chanteclair” (St Berthevin). Placé chez les enfants de troupe, à l’école militaire de La Flèche. Scolarité jusqu’à 14 ans. Renvoyé pour indiscipline après un an dans un lycée technique où il était bon élève (classé deux fois premier de sa classe).

    Commence à dessiner et peindre dès l’école primaire (encouragé par son instituteur, le peintre Philippe Le Gouaille).

    Commence à travailler dès l’âge de 15 ans, en tant que manœuvre. Nombreux petits boulots. Loge dans des foyers de jeunes travailleurs.

    1968 : Placement volontaire, en service fermé, au centre psychothérapique de Mayenne pour “troubles de caractère”. Séjour de 7 mois.

    1969 : Après avoir vu une exposition de Mosca de Selva (à Laval ?) il décide de quitter son travail. Il récupère sa paye, s’achète du matériel de peinture.

    1970 : Jacques Reumeau commence à montrer son travail. Tout d’abord, des dessins au crayon et au fusain.

    En Avril 1970, il reçoit le 1er prix artistique de la jeunesse et des sports. Le jury est composé de nombreux artistes dont Henri Trouillard, Jean-Pierre Bouvet (conservateur des musées de Laval), Mosca de Selva, Robert Tatin, François Aubin-Barbâtre.

    Expositions diverses.

    En août 1971, J. Reumeau reçoit le prix du Lion’s Club et du Syndicat d’Initiative de Château-Gontier.

    Juillet/décembre 1971 : Période sous influence de l’art aztèque. Pastel gras, encre de Chine servant à orner les motifs.

    1972 : Fait une formation de peintre en bâtiment à l’A.F.P.A. de Thévalles (Laval). Stage d’éducateur à l’institut médico-pédagogique Les Papillons blancs à Château-Gontier.

    “Pendant toute son existence, Reumeau n’aura pas cessé de fréquenter le monde médicopédagogique et l’univers psychiatrique. Sans doute trouvait-il là la seule adéquation possible entre sa nature marginale et le besoin d’appartenir à une communauté et à un groupe social.” (J-L. Cerisier in 303 n°39)

    Période dite Zadkine, en référence à la parenté qui existe entre ses peintures et certaines sculptures de Zadkine (forme se dégageant d’une structure informelle — voir La naissance des formes).

    1972-1973 : Éclosion d’étranges singes géants dessinés à la sanguine.

    1973-1974 : Nombreuses expositions (galerie Laval-Actualités, galerie Jeannick Lefresne, cinéma Club St Martin...)

    Jacques Reumeau travaille sur la thématique du monde des animaux. Il utilise la sanguine, le fusain, le papier kraft. Dessine des hommes-animaux.

    “en ce moment, je fais des aquarelles, six par jour.

    Pour apprendre et pour voir si cela exprime bien

    ce que j’ai à dire...”

    (Ouest-France du 26 juin 1974)

    En juin 1974, dans le cadre du jumelage entre la ville de Laval et la ville allemande de Mettmann, Jacques Reumeau offre un tableau représentant Alfred Jarry au maire de Mettmann.

    1975 : Exposition à La Baule. Exposition à la galerie Publi-Relations à Laval. Exposition de groupe, avec notamment Jean-Éric Fouchault, à cette même galerie, en Septembre-Octobre.

    1976 : Jacques Reumeau est plusieurs fois admis, en service libre, au centre psychothérapique de Mayenne, pour insomnie et dépression grave. Dépendance progressive aux antidépresseurs.

    En Septembre de cette même année, Gérard Bodinier, ami de toujours, publie un recueil de poèmes intitulé “Les Carrières de l’âme”. Les illustrations sont de Jacques Reumeau.

    ... Jacques et moi sommes amis depuis toujours. Ce que lui peint et ce que moi j’écris procèdent de la même essence.

    Je ne lui ai pas demandé de s’inspirer de mes textes.

    Nous avons choisi sur son travail existant. Parler de Reumeau, c’est parler de moi, nous faisons la même chose.

    Gérard Bodinier (Ouest-France du 10/9/1976)

    1977 : Long séjour au C.H.S. de Mayenne, entre Janvier et Avril.

    Participe au salon de Mayenne. Deux expositions à la galerie Publi-Relations, à Laval.

    1978 : Exposition de groupe à Château-Gontier (Galerie Guémard), à Angers.

    Exposition à la bibliothèque de Laval. Au moment de Noël, Jacques Reumeau décore les vitrines des commerçants.

    1979 : Jacques Reumeau travaille à Cossé le Vivien, avec la classe de Madame Dacudal, pour l’éveil artistique des enfants.

    Expositions diverses dont une, collective, avec Robert Tatin, Michel Soutra, Philippe Le Gouaille, Paul Antoine Vivion et Sylvie Blanchard, à Château-Gontier.

    1980 : Exposition à la galerie parisienne de Philippe de Campos, à l’Ile St Louis.

    1981 : Accident de la circulation. Jacques Reumeau semble garder des séquelles de cet accident. Notamment des troubles mnésiques, d’élocution et de coordination.

    “J’ai toujours dit, et je le répète, que la peinture était pour moi

    une forme de thérapeutique. Je dois peindre pour m’affirmer,

    pour m’exprimer mieux que mon élocution ne me permet de

     le faire. Il y a des mots que l’on ne connaît et dont on n’a

    pas besoin quand on peint.”

    (Ouest-France du 29 juillet 1981)

    Juin 1981 : Prix spécial SPIC doté de 1 000 francs pour une aquarelle intitulée : Vouloir aller vers l’oiseau.

    1982-1983 : Divers internements au C.H.S. de Mayenne.

    Mai 1983 : Exposition de groupe avec Alain Lacoste, Sylvie Blanchard et Chalendar, à la galerie Aussang (Rennes).

    1984 : Exposition en hommage à Miguel Hernandez : “De face et de profil”. Participation de J.-J. Sanfourche et L. Bouscaillou et J. Reumeau. Musée du vieux Château, Laval.

    1985 : Au XIXe salon de Mayenne, au château de Juhel, Jacques Reumeau expose “Petite fille du vent et de la mer”.

    En Octobre, la mise sous tutelle de J. Reumeau est prononcée.

    “... J’avais arrêté la sanguine il y a sept ans et je la reprends maintenant. On me l’a conseillée parce que c’est mon élément :

    je rêve plus...”  

    (Ouest-France, 1985)

    “Je n’aime pas le moderne sans état d’âme...”

    (J. R. , Ouest-France, 1985)

    1986 : Exposition à la S.E.S. Jules Ferry de Mayenne.

    Exposition collective de l’association Avènement créatif au Château des Juhel à Mayenne.

    Hospitalisations à Mayenne, au Mans, à Angers.

    1987 : Exposition “Vingt ans de peinture” organisée par l’association Avènement créatif, du 25 juin au 5 juillet au Château des Juhel, à Mayenne.

    Jacques Reumeau décède le 29 Juin.

    Les médicaments finiront par altérer sa créativité et le

    plongeront, dans les dernières années de sa vie, dans un

    état d’hébétude. Il mourra à Mayenne dans la solitude

    d’un petit appartement H.L.M., prêtant peut-être l’oreille

    aux enfants qui jouaient sous ses fenêtres...

    J-L Cerisier (303 n°39)

    “On savait Jacques Reumeau passionné dans son travail

    de création et sa peinture était à l’image de l’artiste.

    Elle communiquait l’essentiel de l’intensité, de l’énergie,

    de la tension qui habitait le peintre. Du grand travail.

    Salut Jacques, tu peux avoir confiance :

    tes œuvres sont bien vivantes.”

    Élisabeth Soutra (Ouest-France Juillet 1987).

    1988 : Du 10 au 18 décembre, exposition J. Reumeau, à la Chapelle du Généteil (Château-Gontier) organisée par l’association “Les Amis de Jacques Reumeau”. 



     


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  • Commentaires

    1
    ArLupine
    Lundi 15 Juin 2020 à 12:40

    Jacques Reumeau était mon voisin quand il habitait dans les cités d'urgence rue Emmanuel de Martonne.   Il était scolarisé au Petit Lycée rue Ambroise Paré à Laval au début des années 60.
    Nous avions le même âge mais il ne sortait jamais de son baraquement. 

    J'ai toujours pensé qu'il était séquestré mais quand on a 12 ans on ne se soucie guère du malheur des autres. L'épicier du quartier ouvrait sa boutique très tôt tous les matins et il le trouvait blotti contre sa porte en culotte courte, qu'il gèle ou qu'il pleuve. Il faisait les commissions pour le reste de sa famille. Il fut un enfant maltraité. 

    Je l'ai revu au début des années 80 dans sa chambre-atelier en bas de la rue de Paris. Il vivait dans une misère noire comme ses dessins.  Il avait un vrai talent et un style remarquable.
    Une désespérance totale qui venait probablement des sévices terribles et  inhumains subis pendant son enfance. Mais, nous n'avons pas parlé de ça parce que je me sentais un peu coupable de ne pas avoir été vraiment son ami.
    Il semblait occulté tout ça et à cette époque, il faisait une étude au fusain  nature morte de bouteilles vides format "marine". 

    Difficile de conclure mais parler de toi ça m'a fait du bien !








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