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L'Ulve cardiaque
En cette grotte de nuit
me sont advenus les stigmates d’un poison reptilien
En cette contrée
telle une impasse
aux bâillantes fenêtres
Goulot transi
d’une campagne
nervuré d’âmes solitaires
Pays aux corps meurtris
ruines illuminées
de stylets barbares
Face à un décor
persistant
d’irrationnel parfum
Quelques galets
gercent les mouvances de l'algue
Aux sables outragés…
… Lentes pérégrinations des scories
Blafard humus des camps attardés
Lent voyage
vers le vent d’une trompe
Sang froissé
sous le nénuphar de cette main
battue
seule encor à croire aux drapages des nymphes
Jamais les critiques n’auront connu telles cohues
qu’en ces temps de misaines effrangées
où désespérés bruissent les goitres
Tout ceci n’est qu’un synopsis
- - aux doigts onglés d’étoiles du Xingu *
sur le front calcinant d’un brouillard
Ma tête dévoilée entre un pan de verger
et un émouvant espace adossé aux lyriques rapaces
Tunnel sanctifié aux rires de la carie
Les essaims velléitaires du campement
s’encerclent en des saillies légères et distraites
Remous réduits aux branches des faubourgs
Psalmodie des herbages recevant l’être chuté
de l’arbre
submergé de nuages
tissure d’amaurose
Amertume humectant la chambre
d'ondulantes figures
Dans les plis du feu s’amincit encor
le modelage de votre silhouette
Calcinés les touffes du regard
revèchent aux modestes haltes
insistent à mes poumons
s’ingénuent à mes mâchoires
navrent le manège condamné
Lors une hydre enhardie délaisse le fleuve
pour se faire gorge
Votre grotte aux frénésies consacrées de soifs
meurtrie d’adverse sous la lampe intimidée
Praticienne poétique des empires nimbée
d’insistances ingénues
La source endiguée
frangée pourtant de ruisseaux recroquevillés
Éternelle porteuse d’orbe aquatique
Sur mon intrusion
incandescent
parmi une obscure plénitude
mon dénuement
vertigineusement happé
au lierre de la flammerole
Éternel cerf d’intrigue
en l’antre des brasiers
Embrasement que vasque d’aurore en terre
Dans ma nuit se lovent des ombres
tout à la fois bienfaisantes et tragiques
tel un port en abandon
Colonnes insignes d’orages brûlants
les herbes au radeau des ténèbres
Tragique orant sous la verge honorant Isis
Frémissent les remparts du murmure
Vos doigts teignent les vignobles
brodent des écuries aux hanches
assouplissent les mains aux rixes du gosier
De ce temps
indignes des torches
les turpitudes rouges ou brunes
béantes et rauques
s’échinent sur nos crêtes d’ébène
en l’onde avide vos ailes irradient le souffle
Au rets des membres les roseaux du cœur
s’associent à la meute des nuques frappées
Sous l’arche Dame mariée lavandière de Bretagne
recevant le jeune homme
qui parmi chien et oiseaux
atteint la main fermée
où repose la mort de l’ogre
Au masque desséché
Brindilles fourbues
Votre visage est apparu
Et folâtre votre Nom
Grappillé au brandon sous les bris
Ainsi je vous connais
Javelot butant sur le tronc
débris de montagne en mes tempes
Je m’enfonce en de florissantes exsudations
un fourrier
Des anciens marais à la gorge
le cri soluble d’une mine
- - émaillée des béliers du royaume
Faites qu’à chaque époque du Lion
je sois le Nil de vos terres
Tous deux reposés de l’inondation
Frissonnant des caresses du nouvel an
Frémira le chêne aux champs des griffons
Terroir tremblant sous le saule des cataractes
Muscle ramassé ruisselant
Mêlé au peloton des roches
Jambes aux lyres des rudesses
Fragment périlleux d’un éclair alourdi
Recourbé sur le sang de pustuleux fifres
Sanglier éreinté
D’une flèche ténébreux
Le caprice des foudres entrecroisées au faix des couches
De son îlienne expérience
La chasse reviendra harassée
Elevée aux chevelures que relâchent les talions
Carènes au creux des poitrines
Les rêves résonnent sur la neige déchirée de nos fatigues
Châtié des créances d’une forêt défaillante
Le breuvage au paroxysme des présages
Est nectar d’une union de probante cabale
Fléau des brocards de somme
L’éloquente rapière échappe à l’empreinte
Louable sacrifice au vaisseau des piquants
L’espace béat s’ancre en un fer sincère
Le rite embarque cuirasse et tempête
Lame allégée à l’indicible labile
Patrice Thierry
in Ether Vague n°8 (1981)
& Tiens n°11, 2003.* Région centrale du Brésil
Desssin : Eliette Dambès
Tags : patrice thierry, tiens 11, l ether vague