• La patience des rochers

       Jean-Pierre H. Tétart, lu par Jean-Claude Leroy 

     

    La patience des rochersNouvel opus de Jean-Pierre H. Tétart, chroniqueur sentimental d’existences peu spectaculaires mais ô combien vibrantes, celles des naufragés en mal de tendresse. Ici dans une île amarrée au large de Granville, ils sont là, entre eux : Serge, Zoé, Florence, Gus, un archer zen et un curé boxeur suivi par un chien sans prénom.

    C’est un monde presque clos où chacun est insoucieux des réussites sociales ou d’une quelconque rentabilité. Un monde tourné vers ces quelques visages ravagés chacun par son histoire. Personnages trempés au deuil ou à l’échec, à la pudeur et aux accrocs de la mémoire, ils sont ensemble autour de plusieurs verres, à tanguer pour mieux tenir. Coincés dans l’île, à détester la mer, ils n’ont pas le choix, ils se vivent entre eux, se regardent faire et sombrer, jouir et s’enivrer. Quelles que soient les peines, les rancœurs, les désirs refoulés, c’est toujours une douceur âpre qui emporte la mise, avec ses gnons, ses poussées de feu, ses beautés de cœur, ses caresses… Une forme de mélancolie, décidément.
    « Le temps ressemble au sable et le sable au sein d’une femme, dit Serge, on devine un poids qu’on ne peut pas peser réellement. » Ça et là, en cours de prose, Jean-Pierre H. Tétart pose en innocent de tels joyaux (la citation ci-devant) qui font de lui, outre un styliste rare, un poète moraliste de vraie grandeur. 
     
    M. Lochu
    in Le Mouton fiévreux (2ème série) n°5 (2006).

     
    Jean-Pierre H. Tétart, La patience des rochers, éditions Cénomane, 2006.


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