• Les secondes

      Jean-Claude Leroy

    on traverse sans les connaîtr’

    ces gouttes d’eau qui font le temps

    grains de sable noircis peut-êtr’

    dans l’encrier d’un sentiment;

    ell’s sont moins pesantes que l’air

    or cependant ineffaçabl’s

    ell’ trahissent tout reliquaire

    ou souvenir qui nous accabl’

     

    il paraît qu’elles abondent

    tout’s ces secondes qui tombent

    il paraît qu’elles abondent

    tout’s ces secondes… secondes

     

    on traverse sans les connaîtr’

    ces décriées, ces amoureuses

    juste mesur’ d’oubli peut-être

    denrée incertaine et précieuse

    bien plus que l’or ou le diamant

    à la fois rare et innombrable

    entre l’amour et les amants

    comme un remords inéluctable

     

    il paraît qu’elles abondent

    tout’s ces secondes qui tombent

    il paraît qu’elles abondent

    tout’s ces secondes… secondes

     

    on traverse sans les connaîtr’

    ces muselées, ces assassines

    qui gagnent sur nos vies, peut-êtr’

    mi-révulsées, mi-libertines

    plus lentes qu’un désir manqué

    mais fulgurantes quelquefois

    elles sont aussi le chien d’arrêt,

    le gibier, c’est l’homme aux abois

     

    il paraît qu’elles abondent

    tout’s ces secondes qui tombent

    il paraît qu’elles abondent

    tout’s ces secondes… secondes

     

    on traverse sans les connaîtr’

    mélancolie dans un clin d’œil

    naissance et mort, une seul’ peut-êtr’

    ces humiliées punies d’orgueil

    jouent les médailles régulièr’s

    tel un serpent autour du cou

    et ell’s t’embrassent sans plus rien fair’

    de tes angoiss’s – tu deviens fou !

     

    il paraît qu’elles abondent

    tout’s ces secondes qui tombent

    il paraît qu’elles abondent

    tout’s ces secondes… secondes

     

    on traverse sans les connaîtr’

    ce vieux couloirs où va la vie

    feu des mémoir’s pour toi peut-êtr’

    tu peux éteindr’ cet incendie

    tandis qu’un soir tu deviens cendr’

    d’un’ existenc’ trop minutée,

    découpée, tandis qu’à tout prendr’

    le temps reprend sa liberté.

     

    d’autant plus qu’elles abondent

    tout’s ces secondes qui tombent

    d’autant plus qu’elles abondent

    tout’s ces secondes… secondes

     

    ell’s tombent, ell’s tombent…

     


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