• nuit du 17 mai 2009

    Bachelard

    dimanche 17 mai 2009












    Les mythologues nous ont appris à lire les drames de la lumière dans les spectacles du ciel. Mais dans la cellule d’un rêveur, les objets familiers deviennent des mythes d’univers. La chandelle qui s’éteint est un soleil qui meurt. La chandelle meurt plus doucement même que l’astre du ciel. La mèche se courbe, la mèche se noircit. La flamme a pris dans l’ombre qui l’enserre son opium. Et la flamme meurt bien : elle meurt en s’endormant. […] Au moment où la chandelle défaille, comment ne verrait-on que l’œil d’un chat est un porte-lumière ? Le chat de Camoens * n’a sûrement pas tressailli quand la chandelle est morte. Le chat, cette veilleuse animale, cet être attentif qui regarde en dormant, continue la veillée en accord de lumière avec le visage du poète illuminé par le génie.

    Gaston Bachelard
    La flamme d’une chandelle



    * Banville rapporte que la chandelle de Camoens s’étant éteinte, le poète continue d’écrire son poème à la lueur des yeux de son chat.          


     

     


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