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Poèmes de l'air (Patrice Beray)
Barque de poussière menée d’un doigt,
et tu dis aimer, pour commencerBien sûr, l’eau jaillit des mains,
l’écorce saute.
l’aile est dans la chute
les feuilles, couleur ciel
le plomb dans la visée.Ce qui sépare les mots est là,
dans ce rayonnement aveugle.*
Longuement le téléphone résonne sur les murs.
L’onde se propage dans le soleil et si j’écoute,
un filet de voix se perd dans le silence.Le soleil aujourd’hui, la pluie d’hier, le vent d’alors,
tout résonne dans le creux du visage
et il fait bon fermer les yeux sous ces ailes géantes.Je ne sais plus
l’heure et quels sont ces pas
sur le sol invisible.Les marées montent ou descendent au gré des fenêtres.
Pupilles où grossissent des larmes, celles
que je n’entends plus et que le silence piétine
de ce côté des murs.Les mains palpitent au contact de l’air.
La brume s’évapore lentement au-dessus d’une ville adossée
à la mer.D’ici, dans les glaces où se brise l’océan,
des strates grises se soulèvent en volute le long des façades.
Les échos deviennent pénétrants comme du verre.
Et dans la clarté irisée, la chair se décolle, s’ouvre
au soleil jusqu’à l’étourdissement.*
Les matins encore gonflent les places.
Incandescence imaginée aux creux des
corps.Je vois. Ce que je vois s’effrite.
Écorces de cendres.
Une sorte d’effondrement interne
de la couleur.
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