• Poèmes de l'air (Patrice Beray)

       Patrice Beray 

    Barque de poussière menée d’un doigt,
    et tu dis aimer, pour commencer

    Bien sûr, l’eau jaillit des mains,
    l’écorce saute.
    l’aile est dans la chute
    les feuilles, couleur ciel
    le plomb dans la visée.

    Ce qui sépare les mots est là,
    dans ce rayonnement aveugle.

     

    *

     

    Longuement le téléphone résonne sur les murs.
    L’onde se propage dans le soleil et si j’écoute,
    un filet de voix se perd dans le silence.

    Le soleil aujourd’hui, la pluie d’hier, le vent d’alors,
    tout résonne dans le creux du visage
    et il fait bon fermer les yeux sous ces ailes géantes.

    Je ne sais plus
    l’heure et quels sont ces pas
    sur le sol invisible.

    Les marées montent ou descendent au gré des fenêtres.
    Pupilles où grossissent des larmes, celles
    que je n’entends plus et que le silence piétine
    de ce côté des murs.

    Les mains palpitent au contact de l’air.
    La brume s’évapore lentement au-dessus d’une ville adossée
    à la mer.

    D’ici, dans les glaces où se brise l’océan,
    des strates grises se soulèvent en volute le long des façades.
    Les échos deviennent pénétrants comme du verre.
    Et dans la clarté irisée, la chair se décolle, s’ouvre
    au soleil jusqu’à l’étourdissement.

     

    *

     

    Les matins encore gonflent les places.
    Incandescence imaginée aux creux des
    corps.

              Je vois. Ce que je vois s’effrite.
    Écorces de cendres.
    Une sorte d’effondrement interne
    de la couleur.

     


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