• Serge Paillard, de l'étonnement au mystère

      Serge Paillard

    Serge Paillard, de l'étonnement au mystèreCe peintre lavallois cultive la discrétion. Aussi son domaine est-il en retrait, comme situé dans une autre dimension de ce monde que nous croyons connaître. Serge Paillard, c’est lui, tisse patiemment une œuvre insolite dont quelques aperçus nous sont donnés de temps à autre lors d’expositions artistiques.

    “La peinture m’accompagne”
     
    Amoureux de la peinture, il est habité d’une iconographie très large où se retrouvent aussi bien Brughel, Van Gogh, Max Ernst mais aussi Paul Klee, Mondrian. S’il fallait procéder à quelque classement arbitraire, lui-même serait sans doute à ranger parmi les visionnaires, adeptes de l’art fantastique. Mais en fait, il se tient plutôt solitaire, essentiellement, étranger aux catégories et aux modes.
    Adolescent, il s’est lancé dans l’aventure picturale sans les armes courues du savoir-faire, des Beaux-Arts ou de la maîtrise. Il a simplement cherché à figurer ses états d’âme. Les techniques et le genre ont évolué, passant par l’impressionnisme, l’abstraction géométrique, l’hyper réalisme, le pointillisme... “Avec le temps, on apprend.” explique-t-il.
    Son univers n’appartient qu’à lui. On y croise des fantômes étranges, des insectes enfouis, des légumes irradiants, une nature fabuleuse rendue à sa magie première, enfin toute la hantise sublimée d’un homme inquiet sur terre, infiniment. Serge Paillard est de ces êtres qui savent voir le monde avec les yeux d’un scarabée, par exemple, ou autre minuscule, et il nous restitue les visions oppressantes ou merveilleuses de celui qui est aux prises avec un monde gigantesque sur lequel il ne peut rien.
    La sobriété des moyens mis en œuvre force la grâce. Pas d’esbroufe, d’éclaboussure aguicheuse, rien qu’un propos auquel il se tient, dicté par des apparitions. Seulement la mise à jour d’un trouble méta-existentiel.
     
    De l’ennui à la métamorphose
     
    Souvent dans l’ennui des “grandes solitudes”, il demeure toutefois dans l’étonnement devant la vie. Cet étonnement primordial semble être le ressort de son travail, de sa quête. Il n’hésite pas à dire : “Ce que je fais me dépasse, c’est ça qui est bien”. Il se sent “porté et porteur de quelque chose qui a trait à une recherche”.
    Tapi dans l’ombre plutôt que dans la lumière, c’est l’homme des forêts et du terrier, celui dont parle Franz Kafka, son auteur de prédilection (Cf. ses portraits de celui qui imagina La Métamorphose et Le Champion de jeûne). Il se protège de l’humanité retorse, de ses incarnations souvent malignes et, pour tous, défend ainsi l’innocence, peut-être, où le paradis perdu, lumineux et glacé.
    Quand il évoque les œuvres qu’il admire, Serge Paillard insiste : “On trouve ça beau, on ne sait pas pourquoi. Ça ouvre plein de portes. C’est le grand mystère”.
    Ce grand mystère, c’est aussi celui qui traîne dans l’œuvre de Serge Paillard, travailleur de la nuit, sujet aux illuminations.
     
    Jean-Claude Leroy in Maine-Découvertes n°29 (juin 2001).
    Iconographie : Serge Paillard Le pays de grandes solitudes, 1999. 

     

     


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