• Souvenirs d'un comédien : Jean Pommier (1)

    Jean Pommier

     

    Souvenirs d'un comédien : Jean Pommier (1)Je l’ai rencontré à Laval il y a une vingtaine d’années. Il jouait dans un spectacle que mettait en scène François Béchu. Depuis, nous nous voyons de temps en temps à Paris où Jean Pommier me parle aussi bien de la dernière pièce ou du dernier film qu’il est allé voir que des rencontres passées, le long de sa vie d’artiste. J’ai pu le voir sur scène à plusieurs reprises, toujours avec émotion. À travers quelques-uns de ses souvenirs lointains ou immédiats, Jean Pommier nous ouvre à sa curiosité, à son bonheur, toujours en éveil.

     

    — Comment as-tu pensé à faire du théâtre ?

    Au début, je n’y ai pas trop pensé…

    J’étais en province, à Niort. Mes parents n’étaient pas spécialement intéressés par le théâtre, et je n’y allais pas — d’autant qu’à Niort il y en avait évidemment très peu. Mon père aimait beaucoup la littérature mais pas vraiment le théâtre. Ma mère aimait beaucoup le cinéma.

    Au lycée j’avais toujours des prix de récitation. On y jouait des pièces de théâtre, j’avais toujours les premiers rôles. C’était très éclectique : j’ai joué aussi bien la femme dans la farce du cuvier, une jeune fille dans Le voyage à Biarritz de Jean Sarment, Cyrano de Bergerac… C’était un éventail très large. Je devais être très mauvais. Je ne savais pas du tout ce qu’était le théâtre, je n’avais jamais été au théâtre de ma vie.

    Après, nous avons eu au lycée un jeune surveillant de 22 ans du nom de Jean Nazet qui arrivait de Paris et connaissait très bien le théâtre. Il avait été au collège Chaptal avec Jean-Louis Barrault et au lycée avec Jean Anouilh. Il était fou de théâtre. J’avais 14 ans En 1936 ont été mis en place les « loisirs dirigés », j’avais alors 14 ans. On choisissait une discipline genre dessin, sport, théâtre – moi je faisais du théâtre, le samedi. Jean Nazet arrivait chez nous plein d’histoires de théâtre, de ce qu’il avait vu à Paris. Il nous en parlait, bien sûr. Nous étions 3 ou 4, complètement subjugués par tout ce qu’il nous racontait. Alors nous avons monté une troupe, nous avons joué des choses… Après, nous avons rejoint une « société » : « Les Amis du théâtre ». Il s’agissait de gens de la ville, plus vieux que nous. Mais nous avions tous l’occasion de jouer. Au concours des jeunes compagnies, nous avons reçu un prix. Ça a duré ainsi jusqu’en 1941.

    J’avais un copain, le frère d’une copine, qui habitait à côté de chez moi. Un jour, il me dit : il m’est arrivé une aventure extraordinaire, et toi qui veut faire du théâtre, ça va t’intéresser. J’avais mis une petite annonce pour trouver du travail et j’ai été engagé par une troupe de théâtre, comme comptable.

    Cette troupe était celle de Jean Dasté ! J’avais entendu parler de Dasté, je savais que c’était le gendre de Copeau. Il me dit : « Ah ! c’est extraordinaire, cette troupe : « La saison nouvelle » ! On court les campagnes, on joue dans les granges, les cafés… »

    Alors j’ai demandé ce qu’ils jouaient.

    – Du Marivaux, du Molière !

    Et c’était vrai ! Dans la troupe il y avait Charles Aznavour qui jouait Arlequin dans un Marivaux. C’était l’hiver 1941, le copain m’informe de leur prochain passage à Niort. Et en effet, au mois de juin, des garçons de la troupe viennent séjourner chez lui. Alors il me présente à eux. Ces jeunes gens m’invitent à passer les voir à Paris, à la rentrée suivante.

    En septembre je me pointe chez Dasté, très intimidé. Dasté me dit : « Je vais vous faire passer une audition. Nous repartons en tournée, non plus avec le Marivaux mais avec Les Fourberies de Scapin et un autre Molière : Le Mariage forcé. »

    Je passe une audition, une fable de La Fontaine, ou quelque chose comme ça. « C’est très bien, me dit-il, je vous engage. » J’ai pensé, assez surpris : « c’est facile le théâtre ! Il suffit de passer une audition et on est engagé ! »

    Je n’avais encore jamais pris de cours. En octobre je me suis inscrit à la fac de droit, histoire d’avoir un prétexte pour être à Paris, et tous les matins j’allais chez Dasté, rue de Rome, et il me faisait travailler.

    En 42, en même temps que j’allais chez Dasté, je me rendais au théâtre des Mathurins, dirigé par Jean Marchat et Marcel Herrand, où il y avait un très bon cours. En fait, j’allais pour m’inscrire chez Dullin le jour où j’ai rencontré mon cousin, qui était aussi mon parrain. Il me dit : « Ne va pas chez Dullin, je connais Marchat et Herrant qui sont des copains de régiment, va plutôt chez eux, tu ne paieras pas ton cours. » Et il m’a fait une lettre d’introduction. C’est comme ça que j’y suis rentré.

    Tania Balachova était professeur à ce cours. Moi j’étais plutôt auditeur, je regardais seulement, n’osais pas passer. Il y avait là des personnes déjà expérimentées. Par exemple Simone Signoret, qui était élève, alors qu’elle commençait à faire un peu de cinéma. Ou Marc Cassot, et des gens comme ça. J’étais intimidé. Au lieu de payer mon cours, je faisais de la figuration le soir dans Deirdre des douleurs, une pièce magnifique de Synge. Je faisais un garde irlandais. Ça m’a appris pas mal de choses, en regardant les autres.

    Et j’allais quand même voir comment ça se passait au cours de Dullin où j’avais beaucoup de copains (J’avais laissé tomber la fac depuis longtemps). C’était Charles Dullin lui-même qui donnait les cours. Il y avait Marceau qui passait, Vadim, des tas de gens qui sont devenus des vedettes. Dullin était étonnant dans sa façon de faire travailler les élèves. Comme il ne savait pas très bien expliquer, il montait sur scène et incarnait tous les rôles. C’était drôle de voir ce personnage biscornu et jouant pourtant avec autant de justesse.

    À l’époque, il n’était pas rare que des acteurs donnent ainsi des cours, comme ça, gratuitement.Gabrielle Fontan, par exemple, une vieille actrice très cultivée et très gentille, qui jouait dans tous les films de Carné – toujours le rôle d’une vieille concierge, ou vieille crémière… C’était une très bonne actrice qui avait joué chez Copeau, Dullin, un peu partout, des rôles importants. Quand je l’ai connue elle était âgée. Son cours avait lieu au studio Waker, place Clichy, on y faisait la quête à la fin du cours pour payer la location du studio, mais elle ne demandait pas un sou pour elle. Elle y passait quand même toute une matinée, généralement le samedi. Elle a eu des gens qui sont devenus célèbres : Jean-Marc Thibault, Rosy Varte, Jean-Marc Tenberg. Beaucoup de danseurs allaient également travailler dans ce lieu. D’ailleurs, ça existe encore.

    Je me souviens aussi du théâtre Maubel, à Montmartre, tout le monde allait y répéter. J’y ai joué, avec Reybaz, la pièce de De Richaud,L’Enchantement des images. Pour une présentation, ça allait, mais il faut bien dire que le théâtre était en ruine. Maintenant on y fait de la télé, je crois.

    Dans ces temps-là j’habitais à l’hôtel de Brest, rue de Rennes. Et un jour, alors que j’en avais un peu marre de la vie à l’hôtel, je rencontre Jean Nazet — le surveillant qui m’avait donné le goût du théâtre, au lycée de Niort — et il me fait part qu’une chambre de bonne est à louer dans une petite maison en face de chez ses parents, rue Boulard. « Si ça vous plaît, venez habiter là. » Mon père étant de passage à Paris, je l’emmène voir la chambre. Une mansarde toute noire. C’était en décembre, il y avait de la neige sur le toit. Mon père me dit : « tu ne vas pas rester là, on ne voit rien. » J’ai répondu : « si, je vais rester là », et je suis resté 2 ou 3 ans dans cette chambre. Puis il y a eu une autre chambre à louer sur le même palier, et puis une autre. Ainsi j’ai pu récupérer tout l’étage. J’y suis resté 45 ans.

    — Tes parents ?

    Mon père était très cool. Du moment que ça marchait pas mal pour moi… Je n’avais d’ailleurs pas trop de périodes à vide. Je ne dépendais pas trop d’eux. Quand il y avait des fins de mois difficiles, ils m’aidaient, mais enfin, je gagnais ma vie. L’important était que je faisais ce qui me plaisait, et avec des gens qui m’intéressaient…

    Au mois de décembre 42, je suis parti en tournée dans la troupe de Dasté. En France, en Suisse. On n’avait pas vraiment de décor : un praticable de 2 mètres sur 2, et puis 4 bornes, une dans chaque coin, et des rideaux marron et jaunes. C’était absolument la mise en scène de Copeau qui, lui aussi, avait monté Les Fourberies de Scapin au Vieux Colombier. Je jouais le jeune premier dans les 2 pièces (Les Fourberies,Le Mariage forcé). Et j’étais payé, très peu, mais payé. Je trouvais tout ça très bien, me disant que le théâtre c’était vraiment très facile !

    Bientôt, Dasté a voulu monter la Tragédie de la vengeance de Cyril Tourneur, une pièce élisabéthaine. Nous avons répété mais n’avons pas pu jouer, car nous étions alors en pleine guerre, en 1943. Et il a fallu se cacher. Je suis donc parti en province.

    Avant notre éparpillement nous avions eu le temps de jouer dans un grand festival, aux Hospices de Beaune. Oui, ainsi j’ai donc joué en juillet 1943 dans la dernière mise en scène de Jacques Copeau, Le Miracle du pain doré, un mystère moyen-âgeux joué en plein air, en plein jour, dans cette cour des Hospices de Beaune, un lieu extraordinaire. C’était très beau. Il n’y avait pas de lumière électrique, c’est pourquoi nous devions jouer le jour. Rien que le soleil et quelques réflecteurs pour éclairer les comédiens. Copeau avait trouvé un truc, il avait mis toutes les bonnes sœurs surmontées de leurs grandes cornettes blanches sur 4 rangs en bas de l’estrade, et ça jouait le rôle de réflecteur, qui réverbérait dessus…

    Après ce grand moment, nous sommes tous restés séparés jusqu’à la libération, en 44. J’étais dans une ferme à attendre que ça se passe. Chez des cousins de Jean Nazet, toujours lui, qui avaient cette ferme dans les Charentes. Ils avaient engagé comme travailleurs agricoles des gens comme moi, qui se cachaient. Ça les arrangeait, même si on travaillait très mal, parce qu’inexpérimentés. Nous étions une dizaine, et à la fin plus que six. Nous avons passé ainsi des années de folies, nous qui n’étions pas faits pour ce genre d’existence, mais nous étions jeunes et nous amusions beaucoup. L’un était armateur à Boulogne mais la plupart étaient étudiants. On est resté là jusqu’à la libération.

    À l’heure même de la libération, je n’ai pas attendu une journée de plus, je suis reparti à vélo vers Paris. Victime d’une crevaison à 50 kilomètres de mon point de départ, j’ai finalement pris le train. Je suis arrivé deux jours après la libération de la capitale. Ravi d’être à Paris.

    Je suis retourné chez Dasté. En même temps j’allais au cours Simon (tout le monde allait au cours Simon). J’y suis resté un an. Ça m’a appris pas mal de choses.

    En 1945 Jean Dasté m’a présenté à André Barsacq qui était directeur du théâtre de l’Atelier. André Barsacq montait une pièce de lui qui s’appelait l’Agrippa où il y avait un rôle pour un garçon de 17 ans. J’en avais un peu plus mais je pouvais faire le rôle. Barsacq a dit : « oui je l’engage, c’est tout à fait le personnage. » Décidément, je me disais que le théâtre « c’est pas difficile. On arrive, et on est engagé. » J’ai joué avec des vedettes comme Jean Davy, Simone Valère, Blanchette Brunoy. Je me suis dit : « ça y est. » J’ai travaillé ainsi pendant quatre ou cinq ans, sans problème. J’ai joué dans Les gueux au paradis chez Maurice Jacquemont au théâtre des Champs-Élysées, à l’Atelier j’ai joué dans Les Frères Karamazof, L’Annonce faite à Marie à Hébertot, Le Feu sur la terre, de Mauriac. Toujours un théâtre littéraire, jamais de boulevard. Ce que je regrette, d’ailleurs, parce que c’est très difficile et intéressant aussi, le boulevard, mais ça ne s’est pas trouvé, sauf une fois ou deux, peut-être, alors je ne m’en souviens plus.

    L’équipe de Jean Dasté à Paris : on était une dizaine, pas des gens très connus mais avec quelqu’un comme Jacques Dinam, qui a joué beaucoup de boulevard après, Jacqueline Beaudouin… Il y avait la sœur de Charles Aznavour… Julien Verdier, Pierre Goutas…

    Jean Dasté m’a tout appris. C’était plus qu’un professeur, un philosophe du théâtre. Il a tourné dans des films, souvent des seconds rôles, où il était très bon. On le voit dans La grande illusion ou L’Atalante

    En 1947, il est parti à St-Etienne, puis à Grenoble. Il voulait que je parte avec lui. Je jouais à Paris et j’ai préféré y rester. Il m’en a un petit peu voulu. J’aurais peut-être dû le suivre, pour avoir des rôles plus intéressants. Je n’ai plus jamais retravaillé avec lui. On se voyait encore de temps en temps, en bons termes mais il n’y a pas eu d’autres occasions.

    J’ai tourné dans Les démons de l’aube d’Yves Allégret pendant l’été 1945. À Nice, à Toulon, à Marseille. Il y avait Simone Signoret (épouse d’Yves Allégret), Dominique Nohain (fils de Jean Nohain), on était une dizaine de comédiens absolument inconnus, tous du cours Simon (J’étais au cours Simon à l’époque). On jouait des soldats du régiment dont l’officier était joué par Georges Marchal, la vedette du film, qui était encore sous l’uniforme de la 2ème D.B. Il avait d’ailleurs amené des soldats de son régiment, qui ont joué dans le film. Au début, les acteurs et les soldats se regardaient un peu en chien de faïence, mais au bout de 2 ou 3 jours l’atmosphère était tout à fait détendue.

    C’était mon premier tournage. J’avais un petit rôle avec 3-4 répliques. Je peux donc dire que j’ai fait mon service militaire dans le cinéma ! Ce film repasse de temps en temps. Pas un grand film mais tout de même un bon film. Yves Allégret a fait de très bons films, meilleurs que ceux de son frère, tels Une si jolie petite plage (un des meilleurs rôles de Gérard Philippe), Manèges.

    Simone Signoret était très belle. Elle ressemblait à Lauren Bacall, notamment dans Macadam (Marcel Blistène, 1946) où elle est excellente. Au cours Simon, Il y avait des femmes très élégantes qui m’impressionnaient. Simone Signoret s’y trouvait en concurrence avec d’autres femmes très chic, l’une d’elle en particulier. Un matin l’une arrivait dans une tenue très remarquable, le lendemain l’autre venait en vison, c’était assez drôle à observer. Elles ne passaient pas, elles venaient se montrer, voir un producteur éventuel. Fin 1942 nous apprîmes qu’elle faisait de la figuration. Ensuite elle se maria avec Yves Allégret. En hiver 1945, un jour chez Simon, on me dit qu’Yves Allégret faisait passer des auditions. J’y vais. Une production sur les Champs Élysées. Dans le bureau il y avait Simone Signoret, Pierre Léaud, le scénariste (père de Jean-Pierre) et Yves Allégret. Simone Signoret m’a reconnu, elle a dit : « C’est un copain, il était chez Simon, il faut le prendre. Je trouve qu’il ressemble à Pierre quand il était jeune. » Elle parlait de Pierre Brasseur avec qui j’avais une vague ressemblance. Sur le tournage, dans cette ambiance d’après la guerre, on s’est amusé. Il y avait Jean Carmet, Roger Hébert…

    Il y a une dizaine d’années, j’étais à Marseille lors d’une tournée avec Maria Casarès, je suis allé revoir les lieux du tournage, à Callelongue. Dans une calanque où une villa mauresque avait été reconstituée pour le film, ce qui évoquait la côte d’Afrique du Nord. Le décor était intact. J’entre dans le bistrot, je discute avec un type, quand je lui explique que j’ai tourné dans un film, ici, il me dit : « moi aussi, j’ai tourné, dans les Démons de l’aube ! » Il me dit que tous les acteurs de ce film revenaient un jour ou l’autre revoir les lieux. « Et moi, vous ne me reconnaissez pas ? » ajoute-t-il. C’était un gros bonhomme d’une soixantaine d’années. Alors je lui dis que non, je ne le reconnais pas. « Mais je faisais le petit Arabe ! » Il jouait effectivement un enfant de 8 ans !

    J’ai su que Jean Carmet était venu plusieurs fois montrer l’endroit à des amis. Jean Marchat également. Et d’autres. On s’était tellement amusé. Un très bon souvenir. Jean Carmet je l’avais connu avant ce tournage, il était aux Mathurins et jouait alors de petits rôles.

    Il venait souvent dans le quartier de Denfert, notamment pour la fête du Beaujolais. Une fois, il y avait une exposition d’images sulpiciennes au musée de la Seita. Je pensais que c’était une exposition pour lui, tellement anticlérical. Je voulais le prévenir mais ne savais pas où il habitait à ce moment-là. Un matin je vais faire un tour à l’exposition, il était là, alors je lui ai expliqué que j’avais pensé à lui, tant c’était une exposition qui ne pouvait que l’amuser beaucoup. On était les deux seuls à visiter, on a bien rigolé, il avait plein d’anecdotes, et un humour ! Un homme très sympathique.

    J’ai eu une grande période Hébertot. L’époque des tournées. J’ai visité la France ainsi. On jouait parfois dix fois par semaine, car il y avait les matinées. Et pas seulement dans les grands théâtres, mais un peu partout. C’était une période agréable. Étaient présentées des pièces de Molière, de Gide (Le Retour de l’enfant prodigue), de Monterlant, de Steinbeck (Des souris et des hommes). Hébertot engageait des acteurs pour chaque pièce, toutefois il reprenait souvent les mêmes, donc il y avait un fond de troupe. Certains des acteurs avaient été très célèbres au cinéma, comme Ève Francis, Alain Durthal. Il engageait aussi Edwige Feuillère, Gérard Philippe, Maria Casarès… tous les grands acteurs de l’époque.

    Après j’ai joué à nouveau à l’Atelier, quelques pièces. Le Bal des voleurs de Jean Anouilh, par exemple. Puis je suis retourné à Hébertot où, en 1950, je fus de la création des Justes de Camus, avec Maria Casarès, Serge Reggiani, Michel Bouquet. Puis il y eut une pièce de Mauriac et la reprise de L’Annonce faite à Marie…

    Quelque temps après Les Justes, le téléphone sonne à 9 heures du matin. J’entends une voix qui me dit : « Ici Jean Vilar, je suis au café au coin de la rue, rue d’Alésia. » J’ai cru que c’était un copain qui me faisait une blague, j’ai raccroché. Le téléphone resonne 5 minutes après : « je vous assure que je suis Jean Vilar, je vous attends, je veux vous voir absolument. » Je m’énerve un peu : « Laisse-moi tranquille. » Je croyais que c’était un copain qui s’appelait Jacques : « Jacques, laisse-moi tranquille ! » Troisième appel : « je ne vous appellerai pas une 4ème fois, je vous attends au café Weppler dans 10 minutes ! » Je m’habille, je cours au café et je vois Jean Vilar assis à une table. Je lui dis : « Excusez-moi, je ne pensais pas… »

    — Maria Casarès m’a parlé de vous, je cherche quelqu’un pour le festival. Plusieurs rôles dans Henri IV de Shakespeare et un très beau rôle dans le Profanateur de Thierry Maulnier. Et un autre rôle dans une autre pièce. » Il me demande si je suis libre. Je le suis. « Bon, venez répéter demain, on commence demain. »

    Souvenirs d'un comédien : Jean Pommier (1)

    Là encore, le théâtre me paraissait assez facile.

    J’ai retravaillé avec Vilar par la suite, à Avignon en 1950, dans le Cid, avec Jean-Pierre Jorris (qui l’a joué avant Gérard Philippe). Jean Vilar a embauché Gérard Philippe la troisième année parce que Joris n’était pas disponible. Alors le festival a explosé. Les gens venaient en foule voir Gérard Philippe, qui était très bien. Joris était aussi bien mais n’avait pas l’aura de la vedette qu’était Gérard Philippe…

    Un jour j’ai décidé d’aller passer une audition chez Jean-Louis Barrault. Je connaissais bien Marie-Hélène Dasté, la femme de Jean. Elle me suggérait d’y passer une audition, me disant qu’il préparait des tas de trucs et que, peut-être, il pourrait m’engager. Donc, j’y vais, comme ça, au flanc. Et je tombe en effet sur Jean-Louis Barrault, dans le hall du théâtre. Je lui présente que je viens de la part de Mme Dasté : « On m’a dit que vous faisiez passer des auditions pour le prochain spectacle. »

    — Tu tombes bien, je vais monter L’Orestie, il me faut beaucoup de monde. Que fais-tu cet après midi ? Rien ! Eh bien, viens, je vais t’écouter. » L’après-midi, j’entre dans la salle, j’y vois Simone Valère et Jean Dessailly — qui eux étaient dans la troupe depuis au moins 5 ans. Ils me tombent dans les bras.

    « Vous vous connaissez ? », dit Barrault.

    — Oui, oui. » Ce qui faisait bonne impression. Embrassades. Puis je monte sur la scène. On me demande si j’ai une réplique, je dis que non et que je ne sais pas bien quoi passer. En fait, je donne un monologue que je traînais avec moi, le monologue du jardinier de l’Electre de Giraudoux. Barrault me dit : « très bien, je t’engage. »

    « C’est facile le théâtre ! » me disais-je toujours… alors que Simone Valère soufflait à Barrault : « tu verras, il est très bien. » Les répétitions commençaient la semaine suivante. Ce n’était pas un rôle extraordinaire, dans le chœur, où nous étions douze, avec des masques. Mais trois heures sur scène, et puis j’avais un ou deux passages en messager. Ça s’est très bien passé. Je suis resté trois-quatre ans avec la Compagnie Renaud-Barrault, à Marigny. Et une tournée formidable qu’on a faite en Amérique Latine, en 1956.

    Jean-Louis Barrault, j’en avais entendu parler par Jean Dasté qui avait joué avec lui. On a commencé à beaucoup parler de Barrault en 1942, quand il avait monté Le Soulier de satin à la Comédie française. Ça paraissait d’une longueur démesurée, 2 journées, 6 heures chacune. Les critiques étaient partagées mais ça a eu beaucoup de succès. C’est ce qui a définitivement lancé Barrault. Et toute sa vie Barrault a continué à faire des mises en scène de Claudel : Le Partage de midi, L’Échange, Tête d’or.

    J’ai joué dans la version définitive de L’Annonce faite à Marie, en 1948. Claudel était encore vivant. Je faisais l’apprenti de Pierre de Craon. Pierre de Craon c’était Alain Cuny.

    Alain Cuny, je me souviens de lui à L’Espace St Michel quand j’étais allé pour son film L’annonce faite à Marie, il était là et avait parlé avant la projection. Nous avions un peu conversé à la fin. Il allait bien. Je l’ai revu peu de temps après, à une exposition de Bazaine. Il était devenu très sourd, il fallait hurler…

    Nous n’avions pas de scène ensemble. J’arrivais au 3ème acte, lui, dans cette version, il n’avait que le prologue. Dans les autres versions il revient à la fin. Claudel avait voulu Cuny, et Barrault aussi. Il était très bien mais le rôle était un peu court. Les gens qui venaient voir Cuny restaient un peu sur leur faim. Cuny n’aimait pas cette version, il n’aimait pas la mise en scène, était de très mauvais poil. Je me rappelle qu’il s’est mis en colère parce que, dans le décor, il y avait un crucifix tout à fait sulpicien, pas du tout dans le style du décor. Il avait « fait une scène » en disant au décorateur qu’il n’y connaissait rien. Il avait raison d’ailleurs. Lui était très bon décorateur. Et un homme assez imprévisible.

    Ensuite j’ai quitté la compagnie parce que j’avais rencontré Jean-Marie Serreau qui montait Les Coréens de Michel Vinaver, à l’Alliance française. Alors j’ai préféré faire ça. Ça m’intéressait. Et j’ai retravaillé plusieurs fois avec Serreau qui était aussi un metteur en scène étonnant. Avec lui j’ai joué dans deux Brecht, plus d’autres choses…

    Souvenirs d'un comédien : Jean Pommier (1)

    J’ai joué à droite à gauche. J’ai même fait de la revue, dans Les Belles Bacchantes, de Robert Dhéry. Une parodie de revue. Avec Jacqueline Maillan. Je remplaçais un copain, j’avais appris le rôle en deux jours. Il fallait chanter et danser, je ne savais pas, j’avais vaguement appris le truc. La scène à jouer : les amoureux de Peynet. J’étais mort de trac : il y avait Suzanne Gabriello en ballerine qui passait sur un fil et qui petit à petit faisait un streap-tease, elle enlevait tous ses vêtements, elle avait un tas de trucs, perruques, colliers, blouse en jupe, collants, chaussures, il fallait que j’épingle les vêtements au fur et à mesure sur la corde, et ce très précisément parce qu’elle ne regardait pas ses pieds, c’était à moi de faire attention et d’accrocher là où ses pieds le permettaient. Elle n’est jamais tombée, heureusement. C’était difficile ce qu’elle faisait, tout un numéro sur sa corde. Je portais un grand habit blanc brodé de paillettes, le premier jour je descends à toute vitesse l’escalier du théâtre, qui était tout petit, et je me cogne la tête dans la porte. Ça commence, je fais mon numéro. Je me rends compte peu à peu que les gens remuent dans la salle, ils s’interrogeaient. Je me suis vu alors couvert de sang. J’ai pu terminer, ils ont applaudi, je suis sorti.

    Jacqueline Maillan faisait un numéro, une dame qui donnait une conférence sur ses tournées en Orient où elle avait vu le yeti, sur l’Everest. Tout un sketch. Elle était extraordinaire. Il y avait aussi toute une parodie de ballet avec des jeunes filles nues, qui étaient des vraies danseuses du concert Maillol. Nous, on se disait : « en coulisse il doit s’en passer ! » Or pas du tout, c’était des jeunes filles très sérieuses, les habilleuses leur mettaient un peignoir dès qu’elles sortaient de scène. Elles se cachaient, très pudiques. Ça ne doit pas être comme ça maintenant, quand même ! En scène elles avaient les seins nus, ce qui était assez rare en 1955. Dans la bande : Louis de Funès, Jacques Legras, Pierre Tornade…

    Dans les années 60, j’ai joué avec un metteur en scène qui s’appelait Jacques Polliéri et montait des spectacles de Jean Tardieu. Chez Poliéri j’ai rencontré Alice Sapritch qui m’a dit un jour : « mon chéri, va chez Nicolas Bataille, je sais qu’il cherche quelqu’un pour le doubler dans La Cantatrice chauve. » Et j’ai joué le rôle de Monsieur dans La Cantatrice chauve pendant un an, en 1962, à la Huchette. Et la bonne dans La Leçon, car, par tradition, c’était un homme qui jouait la bonne.

    De 62 à 70, environ, j’ai fait des tournées aux États-Unis, dans les universités. J’avais rencontré Jean de Rigault, qui organisait ses tournées. Il était sur le point de partir avec La Cantatrice chauve, déjà distribuée. Je ne suis parti que l’année suivante avec Orphée de Cocteau dans la mise en scène de Jean Leuvrais. Il y avait aussi la mise en scène de Pierre Franck pour l’Annonce faite à Marie, que j’avais déjà jouée, qui avait été créée au théâtre de l’Œuvre avec Danielle Delorme. Laquelle est venue avec nous. On a fait 2 ans de tournées avec ce programme.

    Les tournées en Amérique duraient 3-4 mois chaque année, j’en ai fait 7, mais il y avait les mois restant où on restait sans travailler. Donc il fallait que je fasse autre chose, et c’était un peu plus difficile qu’auparavant. Et puis j’avais changé d’emploi, j’étais entre deux âges, un peu trop vieux, un peu trop jeune. J’ai été obligé de faire des « ménages » comme on dit, des machins pas très intéressants, au cinéma. J’ai même été G.O. au Club Méditerranée. Animateur, ce n’était pas désagréable, ça me faisait voir du pays. Et puis après…

    Après il y a eu une période plus difficile entre 1970 et 1973. Là j’ai retrouvé un ami de lycée, Michel Philippe, qui montait un festival à Fougères, un festival du livre vivant, avec des comédiens amateurs. Michel Philippe avait travaillé régulièrement avec Jean Nazet. Il m’a pris comme assistant, et j’ai fait aussi des mises en scène. Ça a duré 10 ans. On commençait à travailler au mois de Mars, les représentations avaient lieu au mois de Juillet. Il y avait un peu de moyens, une structure, c’est ce qui m’a permis de faire des mises en scène intéressantes, de grands spectacles, avec beaucoup de monde.

    Il y a toujours des gens qui vous poursuivent, c’est toujours le même homme, en effet, Jean Nazet, qui a créé le Livre vivant. Il a fait beaucoup de théâtre amateur toute sa vie. Il a terminé sa carrière comme inspecteur au ministère de la jeunesse et des sports. Il visitait alors les troupes de jeunesse amateur sur toute la France, et il a estimé que les troupes n’avaient pas un répertoire approprié à leur talent. Elles jouaient des pièces de boulevard, style Marcel Achard ou André Roussin. Les troupes amateurs paysannes, par exemple, n’avaient pas de répertoire. Il a eu l’idée d’adapter des romans célèbres, comme ceux de Balzac, Hugo, Giono ou Mauriac. Ça permettait d’avoir des scènes avec quelques acteurs et de la figuration avec tout le monde. Ça a marché très bien pendant de nombreuses années. Il n’y avait pas la télévision au point où elle en est aujourd’hui, les gens allaient au théâtre et ils étaient ravis. Surtout dans les lieux appropriés comme à Fougères. Nous faisions un peu de travail pédagogique, apprenions à jouer à des gens qui n’avaient jamais fait de théâtre. Tout le monde se donnait beaucoup, autant que les professionnels, quand il fallait monter une pièce en un mois ou deux. C’était très enrichissant pour eux et pour nous. Et puis, dans les années 80, c’est devenu plus difficile, à cause de la télé, des vacances, de la voiture… Les gens partaient en vacances, on avait du mal à trouver des figurants… Maintenant ça dure encore mais c’est plus difficile. Contrairement à ce qui se fait au Puy du fou, par exemple, nous suivions les gens individuellement, ils jouaient. Là, au Puy du fou, les rôles sont enregistrés par des comédiens professionnels. C’est un peu un son et lumière amélioré. Ça draine un grand public parce qu’ils ont des moyens énormes. Nous faisions un travail de fond, beaucoup plus intéressant.

    L’hiver à Paris j’essayais de faire des télés, des petites choses. Et, en 1966, j’étais rentré au T.N.P. C’était Georges Wilson à l’époque. J’y suis resté 5 ou 6 ans. On a joué dans Dieu, empereur et paysan, une pièce du hongrois Julias Haÿ, montée au festival d’Avignon, Les mains salesThurandot, de Brecht. J’ai joué 5 ou 6 pièces. Wilson est un très bon metteur en scène.

    J’ai joué à Laval dans plusieurs spectacles montés par François Béchu. J’ai joué le rôle d’Ambroise Paré. Et un spectacle autour de Perros. La dernière tournée c’était avec une adaptation de Bouvard et Pécuchet (Avignon 1999). J’ai fait d’autres choses entre-temps. Il y a quelques années j’ai rejoué au théâtre Hébertot, avec Maria Casarès une pièce de Pirandello, La vie que je t’ai donnée, une des dernières pièces qu’elle a jouée. Bon an mal an, je fais au moins une chose chaque année, soit dans un film soit dans une pièce. Bien sûr ça se ralentit, il n’y a pas tellement de rôles de vieillard. Il y a moins d’acteurs pour jouer les rôles, mais aussi moins de rôles, dans le théâtre classique par exemple.

    Souvenirs d'un comédien : Jean Pommier (1)

    Je m’intéresse à beaucoup d’autres choses que le théâtre : à la peinture, et j’aime lire, flâner, mais quelque chose me manque vite quand je ne travaille pas. Certains ont dû s’arrêter complètement, je ne vois plus leurs noms. Je me dis : « Tiens, pourquoi ont-ils arrêté, ils ne sont pas malades, ils en ont peut-être marre ? » Ceux qui ont très bien gagné leur vie, je les comprends, ils peuvent se dire : « Respirons. », mais si en plus on a besoin de gagner sa vie. Avec les retraites de comédiens on ne va pas très loin. À moins d’avoir joué toute sa vie, d’avoir beaucoup tourné. Il y a de grandes comédiennes qui jouent jusqu’à 90 ans. C’est un virus qui est difficile à extraire. Il y a des tas de choses autres qui m’intéresseraient mais, loin du théâtre, j’ai quand même un peu l’impression de perdre mon temps. Et ce n’est pas vraiment du travail, c’est agréable !

    Le théâtre a beaucoup changé. Les gens avec qui j’ai travaillé sont morts depuis longtemps. Maintenant ce sont des jeunes metteurs en scène, je ne les connais pas, ils ne me connaissent pas, mais quand j’en ai l’occasion c’est cependant très intéressant de travailler avec eux.

    — Comment es-tu en contact avec eux ?

    — C’est ça qui est difficile. On n’a pas vraiment d’agent au théâtre, alors c’est tout par ouï-dire, par relation. Au cinéma les gens ont tous des agents. Et généralement une chose en amène une autre. Quand on n’est pas connu on a du mal à être au courant des projets en cours. Les agents, j’en connais, j’en ai eu, ils ont des écuries.

    Récemment j’ai tourné dans quelques films. Le Libertin, d’après la pièce de Schmit, je n’avais rien à faire d’intéressant, je jouais un domestique, avec juste deux répliques à dire. Toutefois je suis allé une semaine sur le tournage, parce que c’était toujours retardé — au cinéma c’est souvent comme ça : on attend et le soir arrive, on n’a pas tourné. On revient le lendemain, on est remaquillé, habillé, le soir arrive encore, on n’a toujours pas tourné. Mais on est payé et ce n’est pas désagréable. Ça a duré 8 jours pour ce film, et rien qu’une apparition. Il y avait des acteurs vedettes : Michel Serrault, Arielle Domballe, Fanny Ardant, Audrey Totou. Le metteur en scène était très patient. Un vrai plaisir de tourner. Les gens ont boudé le film, moi je l’ai beaucoup aimé.

    J’ai tourné l’automne dernier (2000) dans un téléfilm de Bernard Rapp, un rôle de notaire. Et puis ce printemps (2001) j’ai tourné dans un film de Philippe Garrel.

    Un soir où je dois aller au théâtre, je suis empêché, je n’y vais donc que le lendemain. Il y a là Maurice Garrel avec qui j’ai joué autrefois. Je voyais qu’il me regardait, et puis nous nous sommes rapprochés, je lui ai rafraîchi la mémoire, il me dit : « c’est bien de te retrouver, parce que mon fils cherche quelqu’un pour son film, je crois que tu conviendrais pour le rôle, je vais lui en parler ». Je pensai qu’il oublierait peut-être mais le lendemain Philippe Garrel m’a téléphoné. J’ai donc tourné avec ce cinéaste très intéressant. Il a une façon assez particulière de tourner, il ne fait pas systématiquement champs contre champs, plusieurs prises. Il démarre sur des grands plans-séquences et à un moment s’il y a un acteur qui bute sur un mot ou un bruit ou un problème quelconque, on s’arrête et il en profite pour changer d’angle, ce qui fait un contre-champ, et puis à nouveau s’il y a un arrêt un nouveau problème on rechange d’angle, toujours en repartant du même moment, ce qui fait qu’il y a une continuité qui n’existe pas autrement, en utilisant tout ce qui arrive sur le tournage. Il y a moins de plans pour le montage, qu’il fait au fur et à mesure. Il gagne beaucoup de temps. Et il y a un suivi dans le jeu des acteurs et dans l’atmosphère qui est plus intéressant que si on faisait 7 ou 8 plans de la même scène. Il n’y a que lui qui tourne comme ça. Je jouais un rôle de producteur véreux. Il paraît que c’est une histoire vraie vécue par Garrel. Il avait été dans une production ou le producteur lui avait donné son accord, il allait signer un chèque, il a demandé d’attendre une seconde, il avait une course à faire, et le type n’est jamais revenu. Philippe Garrel ne l’a jamais revu. Ce producteur, c’était Toscan-Duplantier !

    Au théâtre, j’ai joué cette année avec Serge Lannes, un vieux complice de l’époque du TNP, dans une adaptation de textes de Pierre Autin-Grenier : Toute une vie bien ratée. On s’est pris deux très beaux rôles à partir d’un texte que l’auteur ne destinait pas au théâtre.

    — Les rôles, justement, ceux que tu as préférés ?

    — Dans Les Justes, Voïnov était un très beau rôle, dans Les Frères Karamazof j’ai joué Aliocha. Dans Les Coréens j’avais un très beau rôle, dans le Brecht, c’était des morceaux choisis, j’avais 5-6 personnages.

     

     

     [à suivre]…

    Propos recueillis par J-C L
    en Octobre 2000 & Juin 2001
    Tiens n°10, nov. 2002.





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