• Les questions de Barney Bush, shawnee, poète, écrivain et chanteur

      Barney Bush

    Enfant de la culture indienne et de celle que lui ont imposée les Etats-Unis où il vit, Barney Bush a voyagé dès son adolescence à travers son pays, qu'il considère comme colonisé, au Mexique ou au Canada. Il a ainsi côtoyé les artistes et les activistes de la nation indienne. A quarante-neuf ans, il a trouvé en Europe, par la musique et le chant, un autre moyen de transmettre ses écrits de colère et d'espoir.

    Par SYLVAIN SICLIER Publié le 20 avril 1995 à 00h00 - Mis à jour le 20 avril 1995 à 00h00 LE MONDE

    « Je suis un Shawnee d'Oklahoma. On nous appelle aussi Amérindiens ou natives, les « indigènes ». Mais je refuse le nom d'Américain que les Européens, qui sont venus coloniser ma terre, ont apporté avec leurs armes et leur religion. Ils ne sont qu'une partie de notre histoire, la plus douloureuse et la plus terrifiante, mais une petite partie seulement.» Poète et écrivain, Barney Bush parle lentement. Il donne à chaque mot une importance vitale et douloureuse. Pour communiquer, il a accepté de parler et d'écrire le langage de ses oppresseurs. Il est shawnee, un Indien, membre de cette nation que voudraient bien oublier les Etats-Unis.

    Barney Bush est né à Saline (Illinois), le 27 août 1945. En 1993, il a dû quitter sa terre natale. Les propriétaires blancs n'avaient plus envie qu'un Indien occupe les lieux. « J'ai repris la route », dit-il de cette voix envoûtante qui ne vous lâche pas longtemps après l'avoir entendue. En France, on l'a découverte en 1990, lors du festival Banlieues bleues, pendant le concert Oyaté, une première union d'instrumentistes du jazz et du rock avec des musiques traditionnelles du « Peuple », Oyaté en langue lakota. Barney Bush y rencontra Tony Hymas, pianiste et compositeur britannique. Il y eut d'autres concerts, une amitié.

    Dès l'âge de seize ans, Barney Bush a traversé les Etats-Unis, le Canada, le Mexique. Il se découvre autant qu'il découvre le quotidien des tribus de la nation indienne. Il est ou a été en contact avec la plupart des artistes, activistes politiques ou responsables de réserves qu'il côtoie dans les pow-wows. Au milieu des années 60, il a suivi des cours à l'Institut d'arts amérindiens de Santa Fe, où il enseigne depuis 1993. Il a fait de la philosophie, a passé un diplôme supérieur en lettres et arts à Moscow, dans l'Idaho. « Je suis un Indien éduqué et cultivé, donc un danger », précise-t-il. Il y a chez lui autant de colères que de tristesses. Il a appris à lire avec la Bible, « comme du temps des premiers colonisateurs de ma terre ». On lui dit qu'il est un sauvage pacifié par le Grand Père blanc. Il découvre le lycée et sa violence. Commence alors sa quête pour des réponses.


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