L'âge ne veut rien dire
l’âge ne veut rien dire
les injonctions faciles
des professeurs installés
des enfants de la balle
des modestes vaniteux
qui ne sont jamais tombés
l’âge n’est pas un numéro
un acquis certifié
mais une suite d’épreuves
de desquamations arides
de canines cassées
trop de défaites
mais pourquoi partir
ou pourquoi voter ?
ce pas n’est pas le mien
pas de territoire à défendre
la peau se fragilise
il pleut sur les cerveaux méfiants
des tonnes de haine calibrée
slogan sortis sur les ondes
par des journalistes assermenteurs
pauvre peuple exécuté à la chaîne
millions de moi-même nourris comme des porcs
divertis comme des coupables
éreintés comme des ânes
assommés comme des moutons
millions de millions à subir
les harangues et le prix du détail
à chercher le guichet du droit de vivre
sur la place fourmillante le banc public a disparu
des clochards l’ont emporté à la morgue
majorité silencieuse et mendiante
rue réceptacle des hantises et des chaos
des cris de guerre, revendications permises
accidents piétions contre autobus
trop cher le logement trop salubre
on rêve d’appartements vétustes mais autorisés
des abris à « consciences malheureuses »
escaliers avec ampoule à filament
fenêtres béantes aux vitres rayées
chiottes rêches sur le palier
et interphone à courant d’air
la petite a grimpé jusqu’à ta bouche
avec sa jupe qui se dévoile
aujourd’hui tu couches dehors
la politique n’est qu’une tombola
et les bourgeois sans rire t’appellent « citoyen »
devant l’écran l’éducation s’est perdue sans frontières
on demande l’impossible avec l’air
de caresser le collier qu’on attache
qu’on serre jusqu’à la fin
avec un rire de gorge
semant l’effroi
jcl (2012)