Pour ma part, j’estime qu’il faut oser opérer quelque chose comme une sorte de basculement de la pensée pour espérer entrevoir une particule de la réalité de notre monde, et non de l’univers dans sa totalité, évidemment, tout du moins à notre échelle de tout petit penseur qui ne saurait être comparée à celle de ces titans de l’intellect qui ont chamboulé le début de l’autre siècle, déclarai-je songeur. C’est un peu comme des pièces de bois, des parallélépipèdes de même épaisseur mais de tailles différentes, articulées entre elles, par des rotules métalliques ou simplement par des bouts de ficelles, que l’on pourrait croire calées de façon stable dans un certain équilibre, satisfaisant à notre entendement imparfait des choses, renvoyant à une certaine géométrie de la nature, satisfaisante pour notre entendement imparfait des choses, mais qui par un simple mouvement de doigts, volontaire ou instinctif, serait rompu(e) pour se figer, temporairement, dans un autre équilibre, dans une autre géométrie, pas nécessairement d’un niveau de complication supérieur mais autre et jusqu’alors insoupçonné(e). La particule de réalité s’immiscerait, naîtrait, non pas dans l’équilibre nouveau, la géométrie nouvelle, mais dans le basculement lui-même, d’un équilibre à un autre, d’une géométrie à une autre, dans l’instabilité même du Tout. Certains pourraient évoquer un vacillement des certitudes et un renversement vivifiant des angles de vue. Pourquoi pas ? C’est comme une sorte de jouet, jouet de mon enfance d’ici ou d’une enfance d’ailleurs, qui reposerait sur des ruptures de pseudos équilibres ou des brisures de fausse symétrie pour créer des formes étranges, des géométries nouvelles, des objets inconnus et incongrus, transitoires et dans un constant devenir. Je n’évacue en aucune façon le déterminisme, la forme des pièces de bois, parallélépipédiques, et la nature de leurs articulations, métal ou ficelles, me contraignant assez largement, moi l’enfant joueur, et m’imposant des géométries absolument possibles dans des conditions précisément données. Mais le libre-arbitre réside dans le mouvement non-instinctif des doigts et surtout, au-delà de l’acte, dans l’intention de le vouloir oser ce mouvement. Ce jouet métaphysique, cet objet de réminiscence ou de prémonition, m’obsède depuis peu.

Denis Schmite (en guise de présentation)

         

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AUTOUR de la Cosmogonie/cosmologie-d'Hildegarde von Bingen (V)

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