rue des résistants internés
rue des résistants internés
il appuie sur le bouton électrique
et attend l'ouverture de la porte
plus de chez soi une ultime recette pour peut-être
échapper au STO des temps modernes le RSA du sieur Martin
sois vagabond mon fils si tu veux échapper à l'esclavage
l'errance est peut-être une liberté sous conditions
à condition d'avoir la santé ou la jeunesse le goût de la solitude
cherche l'humiliation et la trouve sans profit
la porte s'ouvre et quelqu'un déjà t'injurie
te crache à la gueule sans savoir pourquoi
sans savoir la banalité du mal Eichmann est partout chien de garde
fonctionnaire du social aboyeur de l'ordre répressif
il te désigne à sa vindicte misérable
comme s'il n'allait pas juste après toi mourir
juste après toi c'est sa grande force rien qu'un pouvoir
force du chien de garde qui aboie sans penser
force du chien mort qui aboie sans voir ce qu'il fait
chien humilié qui humilie avec force avec rage
la baveuse banalité du mal montre des dents d'écume
et lui ne sait plus que s'accroupir et caresser les saignantes morsures
avant de partir plus loin pour croupir hors de regard
le suicide répond bien de lui, l'errant n'aura plus mal aux dents, l'amour est écrit ça et là
dans les villes aux visages cramoisis sur le circuit des vingt-quatre peurs
dans les locaux laminés aux discours blêmes rue des résistants internés ou ailleurs
quand tu ne vois plus que la mort où aller si c'est un voyage
les yeux se ferment par défaut c'est un départ indifférent
d'un cadavre banal
un chiffre dans la colonne d'air
un soulagement
la meute n'a plus qu'à se réjouir
(chaque nouveau sacrifice
conforte la meute)
rue des résistants internés ou ailleurs
la porte reste fermée fermée
où tu te cognes