(Je me pousse à bout, l’autre et les autres.

Passer la main, subrepticement à une vraie hauteur d’expiré.

Le gisant, côtoyé

cède la place à l’accolade.)

 


          *



c’est à partir
que la vision change

tant et si bien qu’il a quitté

dans la campagne
avec le sang, petit à petit
des coquelicots

tant et si bien qu’au moment

il sera quitte

où brûler l’un
à l’autre, le refuge

 


          *

 


complice de tous les styles

la terre, trop souvent retournée

des arrangements peinent à voir
dans l’ordre de la nature

les yeux perdus dans nos pensées

est-ce de nuit
que la vie baisse

 


          *




je parle d’où je cause

à petit feu

témoin de l’épuisement
épuisant tout et son contraire
de même que leur linceul

là, un cerveau

recouvert par l’itinéraire des vivants

quand il est dit : entre !
avec l’extrême sentiment et la ressource

des larmes

 


          *



l’intonation, la présente

d’aller entendre
chaque fois que tu oses
jusqu’au décès de l’air

(on met l’accent sur le détail
enclos dans le cheminement)

sans oublier quel beau soir

et l’homme qui écoute, inconsolable

 


          *



les éléments ne trompent personne

dans un pays en dormance

puisses-tu l’employer

parfois, les nuages rechignent
aux carcasses de lumière

 


          *




par houle d’ouest, je traverse
d’improbables bilans


j’ai rôdé comme un voleur
où les ossements rassemblent
à longueur de vie


une flambée d’étoiles, la minute

 


          *



on n’explique pas les vanités
par le contour de son ombre

moins de langage

qu’on traîne derrière soi

et le ciel bleu des morts

 


          *



d’assez bonnes raisons
pour un crâne qui fait
qu’être homme

qu’en sait-elle, la lumière

 


          *




qu’en sait-elle, la lumière

et du travail des infinis

de s’être vus

 


          *



la mort n’est pas finie

bouts de phrases dans un espace futur

de grandes dépenses musculaires
s’échappent dans les plis de l’univers
qu’occupe chaque premier pas

lueur pâle à la lumière de tous
comme pour atteindre

mais nous, où irons-nous

à nous demander

 


          *



l’amour
le manque d’amour
la mort de l’amour
tout le noir

tout le noir, tiré du sommeil

l’intouchable chair
où l’on couche les ombres

plus fort le noir, tout le noir

ne cesse de battre

de nos paupières fermées

 


          *



dernière fois, la nuit observe

la dispersion

la nuit disperse
les observables

au mieux le voisinage
d’une dernière fois

et la peine incompressible du langage

la seule qu’on ne puisse
comment dire

 


          *




des mots à la limite d’arrêter

en quatrième vitesse
ne bougez plus

 


          *



s’en fout le temps
jamais à la même heure

proche de la fin

mais pas tout à la fin

l’ultime

in Pas tout à la fin 

éd. Les Amis de l'Éther Vague, 2002.

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