Requiem (extraits)
LA SOLITUDE AUX CONFINS
EST SANS CHEMIN.
QUE DIRAI-JE LÀ-BAS
QUAND LE MOINDRE MOT
ARRACHE LA LANGUE ?
DONNEZ-MOI DU RÉEL
UN PAN DE RÉEL SI DUR
QU'IL ME SOIT ACCORDÉ
DE SENTIR ENFIN
CE QUE VEUT DIRE EXISTER
***
Tant qu’il me sera accordé
de donner nom et forme
à ton absence, tu resteras
sur le seuil où se croisent
ceux qui entrent
et ceux qui s’en vont.
Mais quand seront décolorées
les images et sans force les mots
tu t’en iras sans te retourner.
Dans la maison, alors
je fermerai fenêtres et portes
et tenterai d’oublier
le dehors trop vaste.
****
Quelle que soit la forme impalpable
que ton absence ait prise,
cette forme est chose d’ici.
Nulle part sur une balance
ton cœur jamais ne sera pesé,
et nul dans un autre monde
ne pourra dire pour te défendre
qu’ici tu fus juste de voix.
Seuls ceux qui demeurent
savent de quel côté
tu fis pencher le fléau.
Que ceux-là n’oublient pas
– pour le monde, pour eux-mêmes –
qu’il n’est jamais trop tard.
Qu’à chaque instant ils songent
à dire la juste parole.
Jean-Paul Hameury
extrait de Requiem
Coédition Thierry Bouchard-Yves Prié, 1994
Site des éditions Folle Avoine