tu crois que je hurle

c’est ton propre cri que tu entends

dans mon silence

 

c’est ton angoisse

devant le miroir noir

où ton ombre n’a plus prise

 

mon poème n’a pas d’idées

tu dois le manger cru

comme une viande sauvage

 

ce que tu recraches

c’est cela qu’il faudrait publier

où aucun lecteur ne s’aventure

 

* * *

 

tu veux puiser encore

quand le profond s’abouche avec toi

 

tu veux éreinter le silence

sans non plus le trahir

 

c’est ta main finalement qui tremble

car elle seule connaît la valeur de l’écriture

 

tu aimerais parfois la trancher

pour que les mots t’appartiennent.

 

* * *

 

méfie-toi des mots que tu connais

ils te connaissent aussi

 

dépouille-les avec tes dents

pour les rendre justifiables devant tous les tribunaux

 

même si c’est le mot le plus courant

il faut qu’il ne soit qu’à toi seul

au moment où tu le prononces

 

dans chaque mot

c’est toi tout entier

c’est donc toi l’accusé.

 

 

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